BRIAND (A.)

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BRIAND ARISTIDE (1862-1932)

De famille modeste, Aristide Briand devient avocat. Comme militant socialiste, puis comme journaliste, il se fait une réputation de révolutionnaire. En 1883, il quitte Nantes et vient à Paris. Secrétaire général du journal La Lanterne , il se lie alors avec Jaurès et fonde avec lui le Parti socialiste français en opposition au parti de Jules Guesde. En 1902, il est élu député de Saint-Étienne, il le restera jusqu’en 1919; ensuite, et jusqu’à sa mort, il sera député de la Loire-Inférieure. Au Palais-Bourbon, Briand est d’emblée une révélation, un «maître de la tribune parlementaire» (Jaurès). Alors commence une carrière exceptionnelle: vingt-trois fois ministre, onze fois président du Conseil, Aristide Briand connaîtra une audience internationale à la tribune de la Société des Nations. On a tout dit de son éloquence, de la souplesse de son esprit et de son intelligence. Il se fait remarquer d’abord comme rapporteur de la loi de séparation de l’Église et de l’État. Sa carrière de ministre débute avec le portefeuille de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes, en 1906. Il conserve ce portefeuille jusqu’en 1909. Il applique la loi de séparation avec modération et habileté. Il exerce sa première présidence, du 24 juillet 1909 au 2 novembre 1910. Il garde le département des Cultes et prend le portefeuille de l’Intérieur. Le 3 novembre de la même année, c’est son deuxième cabinet, qui prend fin le 27 février 1911.

Jules Guesde avait demandé en vain sa mise en accusation pour avoir réprimé sévèrement des grèves. Premier socialiste parvenu à la présidence du Conseil, il tient au pouvoir les promesses faites lors de sa longue ascension. Il va manifester un esprit d’apaisement sans trop inquiéter la majorité républicaine. Habile à connaître les intrigues et à les déjouer, très à l’aise dans le monde politique parlementaire, il apporte à la tribune un air neuf, fait d’une certaine modestie affichée, de gentillesse parfois narquoise, d’un sens de la manœuvre, et se montre capable de fermetés insoupçonnées. Le 21 janvier 1913, Briand forme son troisième cabinet qui tombe le 18 février; reformé le lendemain, il tient jusqu’au 18 mars. Briand dépose un projet de loi portant la durée du service militaire à trois ans, mais est mis en minorité à la suite du célèbre discours de Périgueux où il dénonce les «mares stagnantes» du scrutin d’arrondissement, ameutant les tenants de l’orthodoxie électorale républicaine. Il est alors ministre de la Justice et vice-président du Conseil dans le cabinet Viviani (1914-1915). Pendant la Première Guerre mondiale, il est à nouveau président du Conseil, d’octobre 1915 à décembre 1916, puis du 13 décembre 1916 au 18 mars 1917; il est l’artisan de l’ouverture du second front dans les Balkans et du remplacement de Joffre, promu maréchal, par Nivelle. La démission de son ministre de la Guerre, le général Lyautey, entraîne sa chute.

Mis en difficulté par Clemenceau en 1917, il ne revient au pouvoir, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, que le 16 janvier 1921. La période d’après-guerre ouvre la voie à sa carrière internationale et au rôle qu’il joue dans la politique étrangère de la France. Poincaré le rappelle de la conférence de Cannes en 1922 pour s’être montré trop conciliant à l’égard de l’Allemagne sur le problème des réparations de guerre. Il revient la même année, sous Painlevé, comme ministre des Affaires étrangères, puis dans les trois cabinets successifs, qu’il dirige du 28 novembre 1925 au 17 juillet 1926. Il rétablit alors la représentation diplomatique de la France auprès du Saint-Siège (avr. 1925). Aristide Briand est l’artisan des accords de Locarno bâtis sur le rapprochement franco-allemand et l’acceptation de conventions d’arbitrage entre les anciens adversaires. De 1926 à 1932, ne quittant pas le quai d’Orsay, Briand appuie l’entrée de l’Allemagne à la Société des Nations où elle obtient un siège au Conseil permanent. Partisan sincère de la paix, il rencontre secrètement à Thoiry le ministre allemand Stresemann qui obtient des concessions importantes (dont l’évacuation de la Rhénanie) en échange d’avantages financiers accordés à la France (1926). Mais l’opinion se montre réticente et c’est un échec. Briand accepte pourtant le rappel de la commission militaire de contrôle en Allemagne, le 31 janvier 1927. La notion de sécurité collective est à son apogée. Briand veut l’élargir en suggérant l’engagement des États-Unis et de l’U.R.S.S., qui ne font pas partie de la S.D.N. À l’occasion du dixième anniversaire de l’entrée en guerre des États-Unis, il adresse un message solennel au peuple américain. Le pacte de renonciation générale à la guerre, dit pacte Briand-Kellogg, est signé en août 1928 par soixante nations. En 1929, Briand a développé à Genève l’idée d’une Union européenne avec un lien fédéral. Une partie de l’opinion lui reprochait de méconnaître les intérêts de la France au profit de l’Allemagne. Cependant, l’acceptation du plan Young entraîne l’évacuation de la Rhénanie dès 1930. En 1932, Briand échoue aux élections présidentielles françaises. Mais le prix Nobel de la paix (décerné en 1926) l’a déjà consacré comme l’«apôtre de la paix» pour l’histoire. Précurseur des États-Unis d’Europe, militant de la sécurité collective et du désarmement général, Briand n’a pas cessé d’être exalté ou décrié tant son action demeure actuelle, au-delà des désillusions et des démentis momentanés de la Seconde Guerre mondiale.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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